J. ROSEBERY - Evaluer et réduire la consommation de plastique dans les laboratoires de recherche

Abstract

Dans son dernier rapport publié en juin 2022, l’Organisation de Coopération et Développement Économique dresse un constat alarmant de notre consommation mondiale de plastiques (plus de 350 Millions de tonnes par an). Cet enjeu planétaire a conduit l’Organisation des Nations Unies à mener des travaux de négociations pour établir un traité mondial contre la pollution plastique. Au niveau Européen la « Directive sur les plastiques à usage unique » constitue également une avancée positive.
Mais ces textes n’impactent pas directement les laboratoires de recherche, qui pourtant devraient faire preuve d’exemplarité. En effet la « consommation » de plastique d’un scientifique en sciences de la vie représente jusqu’à vingt fois celle d’un citoyen Européen (qui s’élève à 140 kg de plastique par an). Pratique (maniable, léger et incassable) et peu cher, le plastique s’est rapidement invité puis imposé dans les laboratoires.

Des initiatives pour réduire l’empreinte plastique de la recherche ont vu le jour récemment en France, dans différents instituts, afin d’accompagner concrètement les laboratoires qui souhaiteraient se placer dans une dynamique de transition. Les approches mises en œuvre posent de nombreuses questions : le nettoyage du matériel réutilisable représente-t-il un réel gain environnemental lorsqu’il faut pour cela utiliser des gros équipements, des solvants, de nombreux litres d’eau et des hydrocarbures pour chauffer cette eau ? Est-ce économiquement intéressant ? Socialement acceptable (en termes de temps de travail notamment) ? Le fait de réutiliser du matériel impacte-t-il la fiabilité de l’expérimentation mise en œuvre ?  Un groupe de travail inter-instituts s’est constitué afin de faire le point collectivement sur ces questions. Il regroupe des personnels travaillant dans des laboratoires CNRS, INSERM, INRAE, IFREMER, IRD, Sorbonne Université, Université Paris Cité et ENS. Avec l’Université de Bordeaux et l’Observatoire Aquitain des Sciences de l’Univers, ce groupe porte actuellement un projet, REDPLAST_UP, qui bénéficie du soutien de l’Agence Nationale de la Recherche au titre du programme d’investissements d’avenir. Ce projet a pour objectif de développer une librairie de protocoles sobres, écoresponsables, à disposition de tout laboratoire ayant l’ambition de réduire sa consommation de plastique, ainsi qu’un simulateur permettant d’évaluer quantitativement l’empreinte environnementale de ces protocoles. Ces deux outils, qui seront rendus librement disponibles via la plateforme du GDR Labos 1point5, ont l’ambition de faciliter la transformation des pratiques de la recherche.

L’intervention proposée fait le point sur l’avancement de ce projet, qui a démarré début janvier 2025 pour une durée de 3 ans.

En savoir plus

Juliette Rosebery est Directrice de recherche à INRAE, spécialisée en écologie des communautés de diatomées. Ses travaux portent sur la structure et le fonctionnement des communautés de microalgues et plus particulièrement des diatomées dans les cours et plans d’eau. Elle s’intéresse ainsi aux effets combinés de l’environnement, de la dispersion et des interactions biotiques dans un contexte de changement global.  Par ailleurs, elle contribue à la mise au point d’indicateurs biologiques pour l’évaluation de l’état écologique des milieux aquatiques.

•  Contact mail intervenant
• Page personnelle sur le site de l'unité EABX
• Contact mail FR AIB : Pablo Tedesco