Xavier Bossier : un passionné de lichens rejoint le Service Production Végétale

Xavier Bossier : un passionné de lichens rejoint le Service Production Végétale

Xavier Bossier a été officiellement nommé au sein du service de production végétale (SPV) de la FR AIB en septembre dernier. Ses compétences éprouvées en botanique et en production végétale à des fins de recherche se doublent d'une érudition sur les lichens.

Origine

Xavier Bossier

Ma jeunesse s’est déroulée en Allemagne. Dés le début des années 70, l’écologie y était déjà prégnante notamment avec le tri sélectif. L'arbre y est plutôt respecté, que ce soit un arbre fruitier isolé au milieu d'un champ ou les forêts majestueuses de Baden-Baden où je vivais. Un large éventail de biotopes étaient présents à portée de main. C’est là-bas que j’ai développé une sensibilité particulière pour la nature.

Je suis ensuite retourné en France, à Paris, pour y passer une quinzaine d'années dans le domaine commerce. Mais en 2002, j'ai décidé de reprendre des études avec un BTS en gestion forestière et un titre homologué de jardinier botaniste à Besançon. Je suis arrivé ensuite au Muséum d’Histoire naturelle de Toulouse en 2007 dans le cadre d’un projet de jardin assez particulier -les jardins du Muséum à Borderouge- consacré aux plantes alimentaires du monde entier. Nous avions en charge la gestion de plus de 700 taxons mais aussi d’un espace naturel classé.  J’ai pu y officier en tant que fonctionnaire territorial pendant 16 ans.

Passion Lichen

Nettoyage des herbiers avant numérisation sur la plateforme d'imagerie
Nettoyage des herbiers avant numérisation sur la plateforme d'imagerie

Dans un environnement donné, on voit d'emblée certains éléments du paysage, par exemple dans le Morvan, ma terre natale : une colline, un hameau, des arbres, des haies, des clôtures, des charolaises. Or tous ces macros-éléments sont porteur d’un vivant microscopique. En réduisant drastiquement d'échelle, en passant d'organismes visibles à ceux qui passent inaperçus, j'en suis arrivé à m’intéresser progressivement aux organismes "négligés"…comme les lichens.

De façon synthétique le lichen est une association à bénéfices réciproques entre un champignon et une algue. Il relève bien du règne des fungi car 90% de sa masse est constituée d’hyphes de champignon et c’est celui-ci qui assure sa reproduction. L’algue quant à elle produit des sucres via la photosynthèse. Les relations entre ces acteurs oscillent entre symbiose et prédation : capturer les algues libres ou celles d’un autre lichen par exemple ! Véritables usines chimiques, ils produisent de nombreux acides qui intéressent plusieurs domaines de la recherche et de l’industrie, en premier lieu la pharmacologie.

La lichénologie est un domaine encore assez méconnu mais qui connaît une démocratisation grâce notamment aux sciences participatives, telles que Lichen Go  et à des ouvrages de vulgarisation (collection fous de nature / Belin). Ce sont souvent des naturalistes amateurs qui découvrent des espèces nouvelles car ils passent beaucoup de temps sur le terrain. Quand il n’y a pas de contraintes administratives c'est le plaisir seul qui guide !

Dans la cadre de ma pratique, en tant que naturaliste amateur, je suis collaborateur du Catalogue des lichens et champignons lichenicoles de France métropolitaine de Claude Roux et secrétaire de l’Association Française de Lichénologie. Au sein de celle-ci, je fais également partie du comité de lecture et du groupe de travail pour établir la première liste rouge des lichens en France. C’est grâce à ces compétences que j’ai été contacté par Mme Nathalie Séjalon-Delmas, directrice du service Patrimoine Scientifique de l'université Toulouse III Paul Sabatier (UT3) dont dépend le jardin botanique Henri Gaussen. A sa demande, la ville de Toulouse a accepté de me détacher un certain temps afin d'inventorier, documenter et numériser les herbiers de lichens conservés à l'université Paul Sabatier.

Herbier université de Rennes
Herbier université de Rennes © Plateforme imagerie

Les plus anciens herbiers lichens conservés à l’UT3 datent de 1810. Le plus délicat est de retrouver l’historique de ces herbiers, réactualiser la nomenclature et réviser l’identification des exsiccata mais aussi de déchiffrer des graphologies pour le moins déconcertantes. C'est une véritable enquête policière !

Le Service de Production Végétale (SPV)

J'ai été fort bien accueilli par Wandrille et Anaïs ! J’ai apporté mon aide lorsque je le pouvais au SPV et de fil en aiguille, d’abord par un détachement, puis par le biais d’un appel à projet et enfin par l’obtention du concours de technicien au poste attribué à la FR AIB et soutenu par le LRSV, ma présence au SPV a été pérennisée. D’agent de la collectivité territoriale, je suis devenu personnel de l’université d'UT3.

J’avais l’habitude de travailler en milieu ouvert et me suis retrouvé dans l’expérimentation en milieu confiné et contrôlé : c'est très nouveau pour moi. L’approche et la gestion très fine de tous les paramètres d'une chambre de culture et d’une serre notamment transgénique est passionnant. Il y a de nombreux défis à relever et plus spécifiquement ceux relatifs aux nouvelles réglementations. Le lien avec les différents profils d’utilisateurs, étudiants, chercheurs est très fort. Nous sommes à la fois la ressource et l’opérationnel.

C'est un service jeune, en pleine construction. Nous avons trois profils différents et complémentaires. Comme il y a une compétence bioagresseurs, ou une compétence technique, je propose une compétence sur les recherches bibliographiques et les pratiques culturales. Ainsi, le SPV peut conseiller les utilisateurs sur leurs cultures et je peux également être interpellé sur les questions relatives aux lichens, domaine pour lequel je bénéficie d’un vaste réseau !