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Xavier Barlet : animer le comité des utilisateurs du bâtiment PABS-B

Xavier Barlet : animer le comité des utilisateurs du bâtiment PABS-B

Le Pôle AgroBioSciences (PABS) fait désormais partie de notre environnement. Nous souhaitions retracer cette histoire patrimoniale au travers de témoignages des acteurs du projet. Le premier point de vue proposé est celui de Xavier Barlet, Ingénieur d’études en biologie au LIPME. Outre sa participation aux réflexions en amont sur les spécifications des besoins qui ont conduit aux plans actuels du bâtiment, Xavier Barlet a assuré l’interface durant la construction en 2023 entre le comité des utilisateurs et la conduite d’opération des travaux. Un travail considérable qu’il relate dans ce portrait tracé par Solange Cassette.

En passant par la génomique humaine, retrouver le végétal

© Xavier Barlet

Solange Cassette (SC) : Après votre DESS « Productivité végétale » à l’Université Diderot de Paris en 1997, vous débutez votre carrière à l’INRA. Et en 2001, vous intégrez le CNRS comme Ingénieur d’Etudes en techniques biologiques. Pourquoi choisir le secteur public plutôt que privé ?

Xavier Barlet (XB) : C’est une question d’opportunité tout simplement. A l’époque, il y avait une faible appétence des recruteurs privés pour les personnels qui avaient un parcours purement universitaire. J’ai fini mon DESS, puis après le service militaire, un ami m’a proposé un CDD et tout s’est enchaîné, toujours dans le public.

SC : Au CNRS, vous travaillez d’abord quatre ans à Villejuif dans une plateforme de génomique humaine. En 2005, vous mutez en région toulousaine au laboratoire LIPM. Qu’est-ce qui vous a motivé dans le choix de ce laboratoire ?

XB : J’ai été recruté dans une Fédération de recherche en évolution. Il y a eu une injonction des RH pour changer d’unité. Je me suis dit « Tant qu’à changer, autant partir de la région parisienne ». Je suis parisien mais l’appétence pour la pathologie végétale et le Sud-Ouest ont guidé ce choix.

SC : Au LIPME, vous faites de la transgénèse végétale, de la transcriptomique de plantes modèles. Brièvement, en termes accessibles aux non-initiés, de quoi s’agit-il ?

XB : La transgénèse végétale consiste à transformer des plantes en modifiant leur génome avec des outils moléculaires. Cependant, mon cœur de métier c’est vraiment la transcriptomique. C’est ce qui m’a permis de faire la passerelle entre mes différents emplois jusqu’à présent puisque je suis parti du végétal avant d’être recruté au CNRS sur une plateforme de génomique humaine. Je suis revenu vers le végétal et la phytopathologie depuis. La transcriptomique c’est étudier tout ce qui est transcrit [les ARNs] dans une plante entière, un organe, un groupe de cellule ou une cellule. C’est l'étude des ARN ; le chainon entre l’ADN qui code et les protéines. Il y a des régulations et des modifications à chaque étape. 

L’intégration au projet de construction du bâtiment PABS-B

SC : Dès 2009, la FR AIB s’insère dans l’opération Campus[1] avec le projet du Pôle Agro-Biosciences B[2] et la construction d’un nouveau bâtiment sur le site[3] INRAE d’Auzeville. En 2019 le Comité de Direction de la FR AIB décide de vous nommer « animateur du comité des utilisateurs » pour ce Plan Campus PABS-B. Un groupe de travail spécifique (GT PABS-B) est créé. Par lettre de mission du 6 avril 2021 vous en êtes l’animateur « sous la responsabilité de la direction de la FR ». Qu’est-ce qui vous mène à cette nomination ? Etiez-vous déjà impliqué dans ce projet ? Aviez-vous géré des projets similaires ?

XB : Gérer des projets similaires de cette ampleur, non ! Dominique Roby a initié le projet avec Christian Boucher je crois. C’est lorsqu’elle était à la Direction du LIPM et Jacques Batut à la Direction de la FR que j’ai pris part au dossier. J’avais déjà accompagné plusieurs projets de construction et réalisations au LIPM. Il fallait quelqu’un pour faire l’interface utilisateurs avec le Service Travaux [de l’INRAE]. J’avais déjà l’habitude de travailler avec Sylviane Chesneau [ex-Responsable service travaux et patrimoine à l'INRAE], Dominique a proposé que je participe à l’établissement des fiches locaux, etc. De fil en aiguille, j’ai continué jusqu’à accompagner le projet dans la réalisation.

SC : En quoi consiste exactement votre mission ?

XB : C’est être le représentant des utilisateurs. Je suis dans l’unité depuis 2005 et connais bien le métier, aussi bien la culture des plantes que la biologie moléculaire. Je pense avoir au moins une vision d’ensemble des travaux qui sont effectués, même si je ne suis pas spécialiste, et des besoins de mes collègues par rapport aux infrastructures. D’ailleurs, depuis janvier 2020 je suis aussi au CODIR de LIPME au titre des infrastructures.

Le démarrage des travaux

Construction salle de conférences photo © Xavier Barlet & S. Cassette

SC : Débuté fin 2008, le projet Toulouse Campus connaît bien des aléas (Cf. note 1). Plusieurs bâtiments seront construits avant le début des travaux du bâtiment PABS-B Auzeville-Castanet. Ces derniers sont reportés à plusieurs reprises : octobre 2016, 2019, juin 2020. Finalement ils démarrent en janvier 2021[4]. Pouvez-vous nous expliquer les motifs de ces retards successifs ? Comment s’est passé le début des travaux ?

XB : Je dirais que je fais partie des chevilles ouvrières. Les questions politiques, administratives… ce n’est pas moi qui était en première ligne pour les gérer. Je crois qu’il y a eu des revirements : par exemple, au départ cela devait être un partenariat public-privé, remis en question en 2013 pour passer en maîtrise d'ouvrage publique (MOP). La phase d’étude a été longue. Le coût de la construction a augmenté : il a fallu « réduire un peu la voilure » et nos exigences... Et puis, un jour, on a vu débarquer une pelleteuse pour enlever les terrains de tennis replacés ailleurs depuis. C’est-à-dire qu’au bout de dix ans, on est surpris que cela commence enfin ! (Rires)

SC : À ce sujet, la COVID a-t-elle eu un impact ?

XB : Je ne crois pas tant que ça en fait ! Le premier coup de pelle a été donné en février 2021. Travailler en extérieur n’était pas forcément plus problématique que pour d’autres métiers.

Communiquer avec les différents interlocuteurs

SC : Votre implication dans le GT PABS-B vous conduit à être en contact avec des membres des différents laboratoires concernés. La maîtrise d’ouvrage est confiée à l’Université Paul Sabatier Toulouse 3, l’exploitation et la conduite d’opération à l’INRAE. Qu’est-ce qui vous semble le plus important pour gérer autant de contacts ? Comment avez-vous fait ? Quels écueils éviter selon vous ?

XB : Je crois que c’est aussi une grande richesse. On ne peut pas mener un projet seul : il faut être entouré. Je ne dis pas que j’ai mené le projet ; ce n’est pas du tout le cas ! Je pense qu’il faut vraiment être entouré pour mener un projet et puis que chacun se l’approprie. L’un des points clés est d’arriver à être l’engrenage ou le rouage entre les utilisateurs et ceux qui réalisent le projet ; traduire les besoins pour le conducteur d'opération ou la maîtrise d’œuvre. C’est un travail d’équipe. Je pense que sans les serristes, sans le personnel de la maintenance, sans le personnel des labos, on n’aurait pas eu une telle réalisation. Les entreprises ont été à la hauteur. L’architecte et le bureau d’études ont vraiment été à l’écoute. Certes ils ont fait des propositions mais ils étaient à l’écoute des besoins techniques et fonctionnels. C’est un point très important.

Sur les aspects techniques

Construction grand escalier photos © S. Cassette & X. Barlet

SC : Vous êtes chargé d’instruire des points spécifiques par exemple les modalités d’accueil des visiteurs (interphone, digicode ?) ou des questions liées à la téléphonie[5]. Dans ces cas -ou d’autres que vous avez eu à traiter-, s’agit-il de trouver la personne qui a l’information ou de chercher et trouver vous-même la solution ? Quelles connaissances avez-vous dû acquérir ? Quelles compétences avez-vous développées ?

XB : « Les connaissances ? » Elles sont liées à notre usage. Je connais assez bien le LIPME : c’est plus de 4 000 m2 et 140 personnes en permanence. C’est à peu près le format de PABS-B, avec des besoins différents puisqu’il y a la plateforme imagerie. Ce n’est pas forcément toujours tout réinventer, c’est simplement trouver ce qui marche et le transposer. Je dirais même que, parfois, ce qui est le plus rustique est parfois le plus robuste. Au moins dans le temps, car il y a des coûts d’entretien et d’utilisation. Je ne dirais pas « Plus c’est sophistiqué, plus cela coûte cher » mais cela demande des compétences que l’on a du mal à avoir en terme de maintenance. Le vrai challenge est de trouver quelque chose qui soit valable au moins dix-quinze ans sans que cela soit trop remis en question.

Aspects environnementaux du bâtiment

Photo d’illustration façades en bois © S. Cassette

SC : Le bâtiment est qualifié d’écoresponsable (Cf. note 2). Pourquoi ? Quels en sont les éléments ?

XB : PABS-B, comme toute nouvelles construction, devait répondre à certains critères environnementaux. La maitrise d'ouvrage a choisi des axes; certains sont assez visibles comme le bio-sourcé (beaucoup de bois); d'autres le sont moins comme l'isolation, le choix de matériaux durables faciles à entretenir ou la facilité de maintenance des équipements. Ce sont des choix! 

SC : A propos, pourquoi pas de panneaux solaires en toiture ?

XB : Parce que ce n’était pas un choix de départ de cible environnementale. Cela peut paraître regrettable néanmoins, vu la configuration du bâtiment aujourd’hui, il y a une très grande toiture terrasse sur laquelle il y a peu d’ombre portée qui pourrait accueillir des panneaux photovoltaïques. Techniquement, je crois que c’est possible.

SC : Ce serait peut-être intéressant vu le prix de l’électricité en ce moment.

XB : Oui, c’est une nouvelle donnée à laquelle on ne pensait pas jusqu’en 2020-2021 ; mais qui peut avoir du sens avec un retour sur investissement probablement plus court.

Etudier, travailler : la répartition des locaux

SC : Une partie du bâtiment est affectée à la FR AIB notamment bureaux direction et administration. Une autre est destinée aux laboratoires et équipes de recherche LIPME, LRSV et EDB. Sa répartition est une question récurrente soit en comité de direction de la FR, soit au GT PABS-B. Qui propose cette répartition, comment et sur quelles bases ?

XB : Je me souviens très bien des premières projections dans ce bâtiment en 2013-2014 où chaque partie prenante avait donné des effectifs et ou de surface. En dix ans certains besoins ont évolué. A la hausse ou à la baisse. C'est assez normal en fonction du succès aux appels d'offre ou autre. Il faut que cela reste assez fluide, assez mobile. Ensuite, la répartition des locaux nécessite des discussions entre responsables de groupe ou d'unité.

SC : Certains espaces seront partagés par exemple la salle de conférence de 200 places. Comment va s’organiser l’occupation de ces espaces ?

XB : Ces espaces seront mis à la disposition des membres de la FR. Les salles de réunion très importantes pour toute la communauté scientifique et la salle de conférence était très attendue aussi bien par les labos que par le Centre INRAE. C’est un équipement qui manquait. Il se trouve que 200 places c’est peut-être déjà trop petit. C’est un très beau lieu, très fonctionnel !

Des lieux pour bien vivre ensemble

Cafeteria PABS - S.Cassette

SC : Dès la conception, des lieux de convivialité sont prévus, par exemple une cafétéria en rez-de-chaussée. Egalement au premier étage, deux bureaux sont transformés en salle de cafétéria[6]. D’après vous, à l’heure de la communication numérique tous azimuts, ces espaces de rencontre physique restent-ils encore fondamentaux ?

XB : Pour en faire l’expérience au LIPME, je dirais « Oui, complètement ! » parce que nos collègues sont parfois en télétravail et on se croise moins. Il faut recréer du lien. Je trouve que les espaces de convivialité –on en a recréé un dernièrement au LIPME suite à une démarche QVT– sont à mon sens très importants pour que les collègues se rencontrent, pour une discussion qui peut amener à d’autres discussions plus formelles. Je trouve important de réinstaurer du lien et de la communication verbale ; parce que le mail, au bout d’un moment, on en a marre ! Ceci nous a amenés d’ailleurs à revoir notre position en cours de construction pour créer un second pôle convivialité à l’étage. On s’est dit que, le jour où la salle de conférence est utilisée par des extérieurs ou un autre laboratoire, il faut garder ce chaînon et ce lien social.

SC : Ce sont quand même deux bureaux qui sont repris ; c’est de la surface…

XB : Oui, après sur les bureaux, nous avions un peu de latitude… Et aussi, on a besoin d’un espace de repos de temps en temps ; se poser soit pour prendre un café, soit pour lire un article, soit pour réfléchir à une manip, c’est parfois intéressant d'être dans un autre contexte.

Installation dans le nouveau bâtiment

SC : Le point « Avancement chantier » des relevés de conclusion du GT est encourageant : pas de retard au début et seulement dix jours en avril 2022. Les personnels devaient emménager en novembre 2022 ; ils n’ont commencé qu’à l’été 2023. Qu’est-ce qui explique un délai aussi important pour l’installation ?

XB : Les délais sur la fin sont liés à certaines finitions et à des réglages. Cette phase a pris du retard à cause du raccordement électrique qui a tardé à arriver. C’est un bâtiment extrêmement technique. Le second étage est entièrement dédié aux équipements de climatisation, ventilation et chauffage…. Alors, ceci nécessite beaucoup de réglages lors de la mise en service.

Terrasse PABS - S. Cassette

Sur le nom du bâtiment

SC : Au premier GT du 16 avril 2021, en « Question à traiter à long terme », est évoqué le nom du bâtiment. Cette question est reprise quasiment à tous les GT. Selon vous, est-ce un point sensible ? Faudrait-il absolument les nommer pour que les choses existent ?[7]

XB : Je pense aussi qu’au sein de l’Université chaque bâtiment a un nom. Il se trouve que celui-ci n’en avait pas. Idem pour la salle de conférence mais là, le nom de Lynn Margulis a été retenu.

SC : Ah, c’est uniquement le nom de la salle de conférence ? Et comment va s’appeler le bâtiment alors ?

XB : Pour le bâtiment, je pense qu’il y a une forme de consensus pour garder « Pôle Agrobiosciences » puisque cela correspondrait assez bien aussi aux activités qui y sont faites. Maintenant je pense que c’est essentiellement à la Direction de la FR ou peut-être l’Université de remettre la question à l’ordre du jour. Personnellement, je n’ai pas d’avis.

Epilogue

SC : En fait, vous êtes la personne qui est là depuis le départ et qui a suivi toute l’évolution du projet.

XB : Oui j'ai suivi presque tout le projet, mais il y a aussi un groupe de collègues sur lequel je m’appuie très régulièrement et avec qui je travaille et je collabore : je pense au Service Travaux INRAE très précieux, notamment Christian Borsato qui pris la succession de Sylviane Chesneau. Il y a Philippe Luis à la maintenance ou Fabrice Devoilles pour la partie serres et plus récemment Wandrille Delaporte. Ce sont des personnes-clés et une équipe qui a permis d’accompagner ce projet… Alors j’en oublie certainement ! Cécile Pouzet qui était là dès le début. Elle savait depuis le départ ce qu’elle voulait ; elle a même assisté à la conception des plans. C’est vraiment un travail d’équipe avec des gens sur lesquels je sais que je peux m’appuyer.

SC : Que retenez-vous de cette expérience ? Qu’avez-vous le plus apprécié ?

XB : Je crois que c’est une belle aventure, c’est un beau challenge pour moi. Plus jeune, j’ai hésité entre architecture et biologie. Ironie de l’histoire, je me retrouve un petit peu à l’interface ! C’est quelque chose qui m’a toujours interpellé. J'ai trouvé le bureau d’architectes à l’écoute, intéressant. Pour moi, c’est une vraie belle expérience ! Un challenge aussi parce que je n’ai pas le background : je suis un biologiste qui a appris au fil des constructions et des rénovations d'enceintes de confinement. Ces projets étaient plus petits, plus courts et avec moins d’interlocuteurs peut être à l'exception de TPMP[8]. Le challenge était l’ampleur du projet. Après j’ai été soutenu par les différentes directions du LIPME pour me laisser du temps et accompagner le projet. C’est quelque chose d’important aussi !

SC : Voulez-vous ajouter autre chose ?

XB : Je voudrais remercier les directeurs successifs de la FR –si ce n’est de m’avoir fait confiance– de m’avoir maintenu à cette fonction. Je pense que le résultat n’est pas mauvais pour l’instant : le bâtiment est beau et fonctionnel, les collègues sont plutôt contents d’y être, d’avoir de l’espace et d’être dans un bâtiment qui devrait être pleinement opérationnel à l’automne.

Voir aussi

[1] Annonce début 2008 par Valérie Pécresse alors Ministre de l’Enseignement Supérieur et Recherche. Sur l’opération Campus en globalité, lire le rapport de la Cour des Comptes février-2018, « Dix ans après le lancement de l’opération Campus, un premier bilan en demi-teinte »

[2] Sur l’opération Pôle Agro-Biosciences B sur le site de l’Agrobiopôle Auzeville-Castanet, dossier d’expertise juillet-2014 COMUE-Université de Toulouse ; également « Toulouse Campus – Construire et rénover les campus de Toulouse » 2019, Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées 2022 « Pôle Agro-Biosciences B, […] site exemplaire éco responsable… » et « Construction du Pôle Agrobiosciences… » 

[3] Voir site de la FR AIB « Notre plan Campus » 

[4] « Construction du bâtiment PABS-B Auzeville Tolosane -  Réunion de lancement 12 janvier 2021 »

[5] GT du 01-février-2022

[6] CD du 18-février-2022

[7] « Nommer… pour quelle(s) réalité(s) ? » Marie-Claude Casper, Maître de Conférences Université Louis Pasteur, Strasbourg. « Un nom doit-il toujours signifier quelque chose ? » Lewis Carroll.

[8] TPMP (Toulouse Plant Microbe Phenotyping) « phénotypage automatisé à haut débit dans des conditions contrôlées pour différentes espèces de plantes et les microorganismes qui leur sont associés »

Date de modification : 16 novembre 2023 | Date de création : 10 novembre 2023 | Rédaction : Solange Cassette