O. Guillaume : La vie cachée des profondeurs de la terre

O. Guillaume : La vie cachée des profondeurs de la terre

Le milieu souterrain est contraignant par bien des aspects, pourtant de nombreuses espèces le fréquentent et s’y sont même adaptées au point de ne plus pouvoir vivre ailleurs. Pourquoi certaines espèces ont-elles colonisé des milieux si hostiles ? Et quelles adaptations ont permis leur survie ?

Le milieu souterrain est contraignant par bien des aspects pour la vie. L’absence de lumière y interdit la production végétale -qui est à la base de la majorité des chaines alimentaires- et limite donc très fortement la disponibilité des ressources. L’obscurité constante empêche par ailleurs la vision - très utile pour trouver sa nourriture, s’orienter et communiquer. Pourtant de nombreuses espèces fréquentent ce milieu et certaines s’y sont adaptées et ne vivent plus que là. Quels facteurs ont pu « pousser » ces espèces à rentrer sous terre? Comment s’opère la colonisation de ce milieu ? Quelles peuvent en être les conséquences à long terme?

Le milieu souterrain est a priori inhospitalier. L’obscurité constante ne permettant le développement d’aucune végétation, la matière organique à la base des chaînes alimentaires doit donc être produite en surface et être entrainée sous terre. Hormis quelques exceptions, les êtres vivants ne peuvent y trouver que très peu de ressources. On comprend alors que la biodiversité souterraine soit faible : seulement 5 ‰ de la biodiversité globale ; chiffre cependant certainement sous-estimé par manque de prospections. Le milieu est certes peu accessible. En outre, il est caractérisé par un endémisme extrême et des densités limitées qui rendent l’exhaustivité des inventaires difficile. Par exemple, en Europe, on ne connait qu’un seul vertébré strictement souterrain, le Protée.

Les formes inféodées à ce milieu présentent une certaine convergence de traits. Il est évidemment difficile de retracer les mécanismes évolutifs qui ont conduit telle espèce à se spécialiser vis-à-vis de ce milieu. De même, comparer ce qui se passe chez une espèce proche vivant à la surface ou s’inspirer des autres espèces cavernicoles est délicat car nous disposons rarement de datation relative à l’apparition des traits et la distance phylogénétique entre espèces limite très généralement fortement les conclusions. Cependant, quelques travaux récents permettent de mieux comprendre pourquoi et comment la colonisation de ce milieu a pu s’opérer malgré tout.

Jeudi Science Olivier Guillaume

Affiche de la conférence

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Date de modification : 20 octobre 2023 | Date de création : 06 juin 2023