En savoir plus

Depuis son poste de technicien à Rouen, remarquant sa curiosité, le directeur du laboratoire poussa rapidement Alain Jauneau vers la recherche. DEA puis thèse en poche, il travaille sur le rouissage du lin, mettant au point un cocktail enzymatique qui permettra de séparer le grain de l’ivraie, la fibre, utilisable en industrie du reste de la plante. Un point frustre cependant cet amoureux de la nature qui passait des journées entières à observer et distinguer le goéland argenté du pétrel fulmar : voir le mécanisme de la dégradation de ses propres yeux. Après son recrutement au CNRS en tant qu’ingénieur de recherche, il prend en charge le microscope électronique du laboratoire demeuré vacant, faute de personne sachant l’utiliser. Cependant, rien ne demeure longtemps immobile :« J’avais toujours pensé ne pas faire ma carrière à un seul endroit ! Je voulais élargir ma palette et ne me satisfaisais pas de la structure laboratoire. » Vœu prémonitoire, puisqu’il profite du dynamisme généré par la création de la FRAIB, alors IFR40 par Alain-Michel Boudet, pour s’insérer dans cette fédération à visée mutualisée.

Après un déménagement qui mériterait de figurer dans les travaux d’Hercules tant les difficultés furent nombreuses, Alain prend en main le plateau d’imagerie d'Auzeville…seul et avec un unique microscope. « La première année, j’ai fait le tour des popotes, à recueillir les besoins des différents laboratoires. » Mais ce n’est que trois ans plus tard, en 2001, avec l’acquisition du confocal qu’a lieu le réel « lancement de la fusée », comme il se plaît à dire. A partir de ce point, les utilisateurs ont convergé, sans cesse plus nombreux. L’activité augmentant, le recrutement de personnels et de matériels complémentaires se sont succédé à un rythme rapide mais toujours réfléchi. Bien décidé à jouer tous les coups profitables pour cette structure en pleine émergence, A. Jauneau a conduit le plateau a intégré les réseaux naissant de « TRI » et de « Genotoul ». Aujourd’hui, s’ancrant dans un cercle vertueux, le plateau d’imagerie est désormais un acteur incontournable de la microscopie au niveau régional.

Quand on demande à cet ‘autodidacte’ de l’optique, ce qui dans sa carrière le rend le plus fier, il vous répondra que ce n’est pas le FLIM, un instrument pourtant unique en Europe et qu’il a conçu de ses propres mains, mais le succès d’un projet jouant l’intérêt collectif. Conjonction d’une personne à la frontière de plusieurs champs disciplinaires mais aussi et c'est essentiel, d’une dynamique de centre, de la qualité de son équipe et d’une compréhension de la part des directions successives. Il insiste sur ce point,« à un moment, on est tous allés dans le même sens » avant de conclure, tout sourire aux lèvres :« je suis comme un gamin, je m’éclate dans mon travail ! ». Une citation qui pourrait être mal interprétée de ceux ne le connaissant pas suffisamment mais qui, chez une personne ayant créé tant de choses, s’avère riche en enseignements…